Ludwig van Beethoven, compositeur allemand (Bonn, 17 décembre 1770 — Vienne, 26 mars 1827)
Véritable incarnation de l’artiste romantique, solitaire et incompris de ses contemporains, Beethoven est aujourd’hui l’un des compositeurs les plus universellement admiré et écouté. Sa surdité, ses difficultés avec son neveu Karl dont il obtiendra la charge, ses déceptions amoureuses et son tempérament bouillonnant font de sa vie une légende du romantisme, légende qui sera perpétuée par la vénération que lui porteront tous les compositeurs romantiques. Beethoven restera un modèle pour eux dont le génie est insurpassé. Ses symphonies (en particulier les 5e, 6e ,7e et 9e) et ses concertos pour piano (en particulier le 4e et le 5e) sont les œuvres les plus populaires mais elles ne sauraient résumer le génie du compositeur.
Ludwig naquit à Bonn (Allemagne) le 16 ou 17 décembre 1770, seule sa date de baptême est connue (17 décembre); il reçut le prénom de son grand père (en fait, il eut un frère aîné de même prénom, mort en bas âge). Sa famille était d'origine flamande (Malines), ce qui explique que la particule de son nom soit van et non von, comme beaucoup ont spontanément tendance à le croire.
Ses talents musicaux se manifestèrent très tôt et son père tenta, sans succès, d’en profiter pour le montrer en tant qu’enfant prodige, quitte à tricher un peu avec la réalité, en indiquant que son fils était né en 1772 et non en 1770.
À l’âge de 22 ans, il partit pour Vienne (Autriche) où il étudia sous la direction de Joseph Haydn. Il y eut vite une réputation de pianiste virtuose et d’improvisateur, puis y commença ses premières compositions.
Au début du XIXe siècle, sa réputation comme compositeur majeur et novateur n’était plus à faire. À cette même période, empoisonné au plomb, il commença à perdre de son acuité auditive, ce qui ne l’empêcha pas de continuer à composer et de signer la 9e symphonie, une œuvre majeure composée alors qu’il était totalement sourd, ainsi que, par la suite, ses meilleurs quatuors à cordes.
Ludwig van Beethoven mourrut le 16 mars 1827.
La cérémonie funèbre se déroula à l'église de la Sainte Trinité devant 10 000 à 30 000 personnes. Il est enterré au Cimetière central de Vienne.
Style musical et innovations
L’œuvre de Beethoven, dans l’histoire musicale, représente une transition entre l’ère classique (1750-1810) et l’ère romantique (1810-1900). Dans sa Cinquième Symphonie, il présente un motif agressif en ouverture qu’il réutilise tout au long de ses quatre mouvements (motif omniprésent dès ses œuvres de jeunesse). La transition du troisième au dernier mouvement se fait attacca : sans interruption. La Neuvième Symphonie, enfin, introduit un chœur (au quatrième mouvement), pour la première fois. L’ensemble de ce traitement orchestral représente une véritable innovation.
Il écrit un opéra (Fidelio), utilisant les voix comme des instruments symphoniques, et sans se soucier des limitations des choristes.
S’il triomphe auprès du grand public, c’est aussi grâce à la force émotionnelle de ses œuvres.
Sur le plan de la technique musicale, c’est l’emploi de motifs qui nourrissent des mouvements entiers qui est retenu comme apport incontournable. Surtout d’essence rythmique, ce qui constitue une grande nouveauté, ils se modifient, se multiplient pour constituer des développements. Il en va ainsi des très-fameux : Premier mouvement du Quatrième Concerto (donné dès les premières mesures), Premier mouvement de la Cinquième Symphonie (idem), Deuxième mouvement de la Septième Symphonie (au rythme anapestique). Le tourbillonnement toujours renouvelé qui en résulte est extrêmement saisissant, à l’origine de cette grande véhémence qui « vient », sans cesse, chercher l’auditeur.
Beethoven est aussi l’un des tout premiers à se pencher sur l’orchestration avec autant de soin. Dans les développements, des associations changeantes, notamment au niveau des pupitres de bois, permettent d’éclairer de façon singulière les retours thématiques, eux aussi légèrement modifiés sur le plan harmonique. Les variations de ton et couleur qui s’ensuivent renouvellent le discours tout en lui conservant les repères de la mémoire.
Si, maintenant, le grand public connaît surtout ses œuvres symphoniques (symphonies et concertos), c’est sa musique de chambre qui était la plus novatrice. En particulier ses 32 sonates pour piano et ses 16 quatuors à cordes.
Œuvres symphoniques
Haydn a composé plus de 100 symphonies et Mozart plus de 40. De ses prédécesseurs, Beethoven n’a pas hérité de la rapidité, et il n’a composé que neuf symphonies, et en a ébauché une dixième. Mais chez Beethoven, les 9 symphonies ont toutes une identité propre.
Les deux premières sont d’inspiration et de facture classique.
Cependant, la 3e symphonie, dite « héroïque », va marquer un grand tournant dans la composition d’orchestre. Beaucoup plus ambitieuse que ses précédentes symphonies, l’Héroïque se démarque par l’ampleur de ses mouvements et le traitement de l’orchestre. Le premier mouvement, à lui seul, est plus long que la plupart des symphonies écrites à cette date. Cette œuvre monumentale, écrite au départ en hommage à Napoléon, révèle Beethoven comme un grand architecte musical et est considéré comme le premier exemple avéré de romantisme en musique.
La 5ème symphonie, bien que plus courte et souvent considérée comme plus classique que la précédente, les tensions dramatiques qui parsèment l'œuvre font de la 4e symphonie une étape logique du cheminement stylistique de Beethoven. Puis viennent deux monuments créés le même soir, la 5e symphonie et la 6e symphonie. La cinquième et son fameux motif du destin à quatre notes peut se rapprocher de la troisième par son aspect monumental. Un autre aspect novateur est l’utilisation répétée du motif de 4 notes sur lequel repose presque toute la symphonie. La 6e symphonie dite « la pastorale », évoque à merveille la nature que Beethoven aimait tant. En plus de moments paisibles et rêveurs, la symphonie possède un mouvement où la musique peint un orage des plus réalistes.
La 7e symphonie est, malgré un second mouvement en forme de marche funèbre, marquée par son aspect joyeux et le rythme frénétique de son finale, qualifié par Richard Wagner, d'« apothéose de la danse ». La symphonie suivante, brillante et spirituelle, revient à une facture plus classique. Enfin, la 9e symphonie est la dernière symphonie achevée et le joyau de l’ensemble. Durant plus d’une heure, c’est une symphonie en quatre mouvements qui ne respecte pas la forme sonate. Chacun d’eux est un chef-d'œuvre de composition qui montre que Beethoven s’est totalement affranchi des conventions classiques et fait découvrir de nouvelles perspectives au traitement de l’orchestre. C’est à son dernier mouvement que Beethoven ajoute un choeur et un quatuor vocal qui chantent l’Hymne à la joie, un texte de Friedrich von Schiller. Cette œuvre appelle à l’amour et à la fraternité entre tous les hommes et la partition fait maintenant partie du patrimoine mondial de l’Unesco. L’Hymne à la joie a été choisi comme hymne européen.
En plus de ses symphonies, Beethoven a écrit un sublime Concerto pour violon, dont il fit une transcription pour piano appelée Sixième concerto, un Concerto triple pour violon, violoncelle et piano et encore 5 concertos pour piano. De ces 5 concertos, le cinquième est le plus typique du style beethovenien, mais il ne faut pas oublier des moments forts, comme par exemple le deuxième mouvement du quatrième concerto.
Beethoven a encore composé plusieurs superbes ouvertures (Léonore, Les créatures de Prométhée), une Fantaisie pour piano, choeur et orchestre, dont l’un des thèmes sera à l’origine de l’Hymne à la Joie.
À cela s’ajoutent deux messes dont on retiendra surtout la Missa Solemnis, l’un des édifices de musique vocale religieuse les plus importants jamais créés. Enfin Beethoven sera l’auteur d’un unique opéra, Fidelio, l'œuvre à laquelle il tiendra le plus, et certainement celle qui lui a coûté le plus d’efforts.
Musique pour piano
Bien que les symphonies soient ses œuvres ses plus populaires et celles par qui le nom de Beethoven est connu du grand public, c’est certainement dans sa musique pour le piano et pour le quatuor à cordes que se distingue le plus le génie de Beethoven. Très tôt reconnu comme un maître dans l’art de toucher le pianoforte, le compositeur va, au cours de son existence, s’intéresser de près à tous les développements techniques de l’instrument, et les exploiter au-delà de leurs possibilités dans ses compositions.
Beethoven a écrit 32 sonates pour piano qui s’échelonnent sur une vingtaine d’années. Cet ensemble, aujourd’hui considéré comme l’un des monuments dédiés à l’instrument, témoigne, encore plus que les symphonies, du cheminement stylistique du compositeur au cours des années. Les sonates, de forme classique au début, vont peu à peu s’affranchir de cette forme et ne plus en garder que le nom, Beethoven se plaisant à commencer ou à terminer une composition par un mouvement lent, par exemple comme dans la célèbre sonate dite « au Clair de Lune », à y inscrire une fugue, ou à nommer sonate une composition à deux mouvements.
Au fur et à mesure, les compositions gagnent en liberté d’écriture, sont de plus en plus architecturées, et de plus en plus complexes. On peut citer parmi les plus célèbres l’Appassionnata (1804), la Waldstein de la même année, ou Les Adieux (1810). Dans une sonate comme la célèbre Hammerklavier (1819), longueur et difficultés techniques atteignent des proportions telles qu’elles mettent en jeu les possibilités physiques de l’interprète comme celles de l’instrument, et exigent une attention soutenue de la part de l’auditeur. Elle fait partie des cinq dernières sonates, qui forment un groupe à part, dit de la « dernière manière ». Ce terme désigne un aboutissement stylistique de Beethoven, dans lequel le compositeur, désormais totalement sourd, et possédant toutes les difficultés techniques de la composition, délaisse toute considération formelle pour ne s’attacher qu’à l’invention et à la découverte de nouveaux territoires sonores. Les cinq dernières sonates constituent un point culminant de la littérature pianistique. La « dernière manière » de Beethoven, associée à la dernière période de la vie du maître, désigne la manifestation la plus aiguë de son génie, et n’aura pas de descendance.
À côté des 32 sonates, il ne faut pas négliger les 33 Bagatelles (notamment la fameuse Lettre à Élise). Enfin, en 1822, l’éditeur (et lui-même compositeur) Anton Diabelli eut l’idée de réunir en un recueil des pièces des compositeurs majeurs de son époque autour d’un unique thème musical. L’ensemble de ces variations devait servir de panorama musical de l’époque. Beethoven, sollicité, et qui n’avait pas écrit pour le piano depuis longtemps, se prit au jeu, et au lieu de fournir une variation, en écrivit 33, qui furent publiées dans un fascicule à part. Les Variations Diabelli, de par leur invention, constituent le véritable testament de Beethoven pianiste.
Musique de chambre
Dans la musique de chambre, un autre monument est formé par les 16 quatuors à cordes. C’est sans doute pour cette formation que Beethoven a confié ses plus profondes inspirations. Le quatuor à cordes a été popularisé par Haydn puis Mozart, mais c’est Beethoven qui a utilisé au maximum les possibilités de cette formation. Les six derniers quatuors et la « Grande Fugue » en particulier, constituent le sommet insurpassé du genre. Le quatuor à cordes n’a, depuis Beethoven, pas cessé d’être un passage obligé de chaque compositeur.
À coté des quatuors, Beethoven a écrit de belles sonates pour violon et piano, les premières étant l’héritage direct de Mozart, alors que les dernières, notamment la sonate « à Kreutzer » s’en éloignent pour être du pur Beethoven, cette dernière sonate étant quasiment un concerto pour piano et violon. Cycle moins connu que ses sonates pour violon ou ses quatuors, ses sonates pour violoncelle et piano font partie des œuvres réellement novatrices de Beethoven, n’ayant pour ainsi dire pas d’antécédent. Beethoven y développe des formes très personnelles, éloignées très vite du schéma classique de Mozart et Haydn, schéma qui à l’inverse perdure dans ses sonates pour violon.
Enfin, il est l’auteur de plusieurs cycles de lieder, dont celui À la Bien-aimée lointaine qui, s’ils n’atteignent pas la profondeur de ceux de Franz Schubert (qu’il découvrira peu avant de mourir), n’en sont pas moins de grande qualité.
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