Robert Schumann (8 juin 1810, Zwickau - 29 juillet 1856, Endenich - désormais un quartier de Bonn) était un compositeur allemand du mouvement romantique.
Jeunesse de Schumann
Fils d'un libraire de province, d'une bourgeoisie modeste mais cultivée, Robert Schumann nait le 8 juin 1810, a Zwickau. Felix Mendelssohn était né un an plus tôt, Frédéric Chopin et Richard Wagner allaient naitre l'année d'après, et Franz Liszt en 1812. Très vite passionné par la musique et surtout la littérature, le jeune Schumann ne fut pas, loin de là, un enfant prodige. C'est naturellement que sa mère, à ses 18 ans, soit deux années après la mort de son père, l'envoya étudier le droit, à l'université de Leipzig. Seul dans une ville qu'il n'aime pas, étudiant une matière qui ne l'intéresse pas, Schumann fréquente alors les société musicales et les meilleurs amateurs de Leipzig. C'est ainsi qu'il rencontrera Friedrich Wieck, professeur éminent, génial pédagogue mais sans talent créatif, qui allait devenir son maître venéré, puis le persécuteur d'un amour naissant. Wieck avait fait de sa fille Clara, alors agée de 9 ans, l'une des enfants prodiges les plus brillantes de son temps, et c'est en l'entendant que Robert décidera de se placer sous la direction de son austère et intransigeant père. Rapidement, il éprouve le besoin de voyager. Ce seront Franckfort, la Suisse et enfin l'Italie, mère patrie de tous les musiciens d'alors. À Paques 1830, il entend jouer Niccolo Paganini. Si Moscheles, le pianiste avait éveillé en lui plus tôt la flamme de la musique, mais c'est Paganini dont il se souviendra, plus tard, comme d'une révélation. Enfin, et se remettant à l'arbitrage de Wieck, il écrit a sa mère une lettre lui annoncant l'arrêt de ses études de droit, et avec la bénédiction de son maître, se lance dans la musique, définitivement.
Les débuts de Schumann : piano et premiers amours
Se lançant a corps perdu dans l'étude du piano, Schumann s'installe alors chez son maître et s'acharne au travail, des heures durant. C'est à la même époque qu'il prend, avec Dorm ses premiers cours de composition. Mais ce pédagogue austère et académique rebute bien vite cet esprit fantasque et poète "Pour lui, dira-t-il plus tard, la musique n'est que fugues". Trop lents sont ses progrès pianistiques, et dans sa frénésie, il invente un appareil pour travailler l'indépendance des doigts, avec une poulie accrochée au plafond. Au printemps 1832, sa main est définitivement paralysé. Robert ne sera jamais virtuose. Accident ou autocastration, il sombre a l'automne 1833 dans une profonde dépression que ne fait qu'aggraver l'épidémie de choléra qui touche alors l'Allemagne. Le 17 octobre, il se sent perdre la raison, et tente de se jeter par la fenêtre.
C'est de cette époque que datent néanmoins ses premières oeuvres. Emergeant d'une crise qui a manqué de lui coûter la vie, Schumann écrit de plus en plus, et fonde la Neue Zeitchrift für Musik gazette qui le lance dans une guerre avec les admirateurs de Rossini, les "philistins", tenant d'un ordre musicale rétrograde et classique que le romantisme allait rapidement emporter. Ses articles sur Meyerbeer, alors au faite de sa gloire, sont d'une ironie et d'une férocité rare chez un être aussi doux. De cette époque aussi date son amour pour la petite fille d'autrefois devenue une jeune femme reconnue et adulée. Lorsque Clara revient de Paris en 1835, après une tournée triomphale, leurs sentiments respectifs s'affichent enfin au grand jour. Les mois suivant voient s'épanouir cette idylle charmante. Schumann compose le célèbre "Carnaval", dont l'une des plus belles pièces, "Chiarina" porte le nom de sa jeune aimée. En 1836, Wieck prend soudain conscience que son enfant prodige, sa virtuose accomplie va devenir une femme, peut être abandonner sa carrière. De bienveillant et aimable, il devient possessif, féroce, et s'oppose au mariage déjà projeté, envoyant Clara a Dresde, et interdisant toutes communication entre les futurs fiancés.
La période qui s'ouvre pour Schumann est une période où l'espoir succède au désespoir, l'euphorie à un accablement morbide, l'époque aussi de ses oeuvres pour piano, la "Fantaisie", les "Kreisleriana", la "sonate en fa dièse mineur"... autant de douleur, de désespoir et d'amour, tous adressés a Clara. Trois ans durant, tandis que Wieck souffle le chaud et le froid, calomnie Robert et fait un chantage affectif permanent a sa fille, sans pour autant distendre leurs liens. Trois années de correspondance, et de projets de mariage. Pour satisfaire aux exigences de Wieck, Robert s'exile a Vienne quelques temps, et revient désillusionné par une ville alors superficielle et dédaigneuse. Enfin, en juillet 1839, les futurs époux adressent une requête au tribunal afin d'autoriser le mariage, qui a finalement lieu le 12 septembre 1840. C'est aussi l'époque de ses amitié avec Frédéric Chopin, et Franz Liszt, de son admiration sans borne pour Félix Mendelssohn. Autant de musiciens qui le marqueront durablement, et participent a l'épanouissement de sa carrière de compositeur.
Les années de maturité : Lieders, premiers essais orchestraux
L'année 1840 voit le début nouvelle phase créatrice pour Schumann. La douleur de 8 ans passés s'était exprimée, parfois violemment au piano, c'est vers les lieders qu'il se tourne, en cette heureuse année. Cent trente pour la seule 1840. Lieders qui sont pour Schumann le moyen de nouer ensemble poésie et musique, ses deux passions. Il compose sur les textes de Heine, de Friedrich Rückert, de Goethe...
Alors que naît son premier enfant, en 1841, et que son couple s'installe dans un bonheur petit bourgeois, Schumann écrit pour la première fois une oeuvre symphonique. Sa Symphonie du Printemps, ou Première Symphonie, qui sera crée par Felix Mendelssohn a la direction de l'orchestre du Gewandhaus, mais aussi une Fantaisie pour piano et orchestre qui, quatre années plus tard, sera complétée de deux mouvements pour devenir le magnifique Concerto pour piano op. 54. Sous l'influence de Franz Liszt, il aborde aussi la musique de chambre en 1842. De cette année la date son fameux quintette op. 44, son quatuor avec piano op. 47, puis bientôt, ses deux premiers trios (1847). Clara l'emmène malgré ses réticences lors de ses tournées, jusqu'a Saint-Petersbourg, Moscou même. Ces voyages ne font d'ailleurs aucun bien a un homme toujours très fragile, et désormais père d'une famille de plus en plus nombreuse.
Le couple s'installe alors a Dresde, où Schumann compose sa seconde symphonie, puis temporairement a Vienne, a Berlin, en 1846. Clara ne rencontre plus ses vibrants succès d'enfant prodige, et la rencontre de Robert et Wagner ne dépasse pas une froide sympathie d'estime. Trois ans plus tard, le couple, fuyant la révolution, se réfugie Kreischa, puis, et s'installe enfin définitivement a Düsseldorf.
L'apogée, et le crépuscule
Nommé musikdirektor de Düsseldorf, les Schumann semblent avoir enfin trouvé une cadre qui leur convient. La ville fait un accueil chaleureux aux deux musiciens, et malgré son inexpérience en matière de direction, les débuts de Schumann a la tête de l'orchestre sont concluants. Son attirance pour le "Vater Rhein", divinité tutélaire de l' Allemagne se manifeste dans sa Symphonie Rhénane, ou Troisième Symphonie op. 97, puis dans son Concerto pour violoncelle op. 129. L'année 1850 marque ainsi certainement l'apogée de la carrière du compositeur, enfin reconnu, enfin fixé et plus créatif que jamais. Cependant, depuis quelques temps, son instabilité nerveuse et ses phases dépressives dont il avait tant souffert durant les années 1830 lui laissent de moins en moins de répit. Avec frénésie, Schumann écrit sa Quatrième Symphonie, son Troisième Trio, ses Sonates pour violon...
De plus en plus muré en lui même, vivant intérieurement une musique qui ne s'arrête jamais, Schumann a de plus en plus de mal a diriger un orchestre qui, livré a lui même, est vite en proie a une profonde anarchie. Une crise d'anémie cérébrale l'éloigne quelques temps du public. En 1853, Schumann doit démissionner de son poste, alors que, paradoxalement, il n'a jamais été aussi populaire en tant que compositeur. Profondément affecté, il songe alors a quitter la ville, mais la fin de dessine, et il le sent. En mai 1853, le couple entend le jeune violoniste de 22 ans Joseph Joachim. C'est une révélation. Joachim, virtuose incomparable, et homme d'une grande bonté apporte a Schumann un réconfort au soir de sa vie, que viendra compléter un certain Johannes Brahms.
On raconte que lorsque, le 31 septembre, Robert entendit Brahms pour la première fois, il cria du bas de l'escalier à sa femme « Viens vite, Clara! C'est un génie! » Autour de Brahms et Joachim, les Schumann goûtent à leurs dernières heures de joies conjugales. Le festival de Düsseldorf, organisé par les deux amis est un triomphe complet. Joachim y crée le Concerto pour violon que Schumann lui a écrit en seulement 11 jours, l'Ouverture qui couronne enfin un Faust qu'il avait commencé des années auparavant. Le Noël 1833, si heureux qu'il soit, est le dernier havre de paix pour Schumann. Ses Chants de l'Aube qu'il compose à cette époque sont sa dernière œuvre, qu'il dédie au piano, l'instrument de sa jeunesse, et de toute sa vie.
En février 1854, Schumann est repris par des troubles devenus habituels. Il entend sans cesse la note la, a des hallucinations, troubles de la paroles. L'angoisse de devenir fou croît de jours en jours. Le 27, il sort de chez lui, en pantoufles, et, après avoir traversé ainsi Düsseldorf sous la pluie, se jette dans le Rhin. Repêché par des bateliers, il est éloigné de Clara qui attend un huitième enfant, et conduit à l'asile d'Endenich, près de Bonn, dont il ne sortira plus jamais. Il reçoit cependant des visites, de Brahms, de Joachim, s'imagine des voyages sur un atlas. Ombre de lui même, enfermé dans un monde fantasmagorique de musiques et de fantôme qui n'est déjà plus celui des vivants, il ne compose plus. Le 23 juillet 1856, Schumann est mourant. « il me sourit, écrira Clara, et d'un grand effort m'enserra dans ses bras. Et je ne donnerais pas cette étreinte pour tous les trésors du monde ». Le 29 juillet, dans l'après midi, Schumann s'éteint définitivement, laissant derrière lui une oeuvre gigantesque, et une vie de roman, qui le fera surnommer Le Romantique des Romantiques.
L'oeuvre de Robert Schumann
Compositeur a l'imagination infinie, Robert Schumann a abordé tous les genres de son époque avec plus ou moins de succès. Il n'y a pas un "jeune Schumann", comme il y a le "jeune Schubert", des années de formations, et ses premiers opus sont d'une qualité qui n'a rien a envier a ses oeuvres d'une plus grande maturité. Mais sa musique paye toutefois le prix de ses qualités. En effet, si Schumann reste certainement comme l'un des plus grands harmonistes de l'histoire de la musique (avec Claude Debussy, peut être), si chaque mesure contient autant d'idées et d'imagination qu'une demi-heure de certains de ses contemporains, il n'en demeure pas moins que la grande majorité de ses oeuvres souffre de faiblesses structurelles, et, pour les oeuvres orchestrales, d'une orchestration qui a été très souvent décriée.
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